La police dominicaine a remis, vendredi 13 juin, trois individus, identifiés comme membres du groupe criminel dénommé Viv ansanm, à la police haïtienne, pour avoir tenté d’acheter des drones kamikazes. L’annonce a été faite le jeudi 12 juin par le Directeur General de la police nationale, Rameau Normil, lors de la commémoration du 30e anniversaire de l’institution. Le silence de la police dominicaine avait jeté un doute sur sa déclaration
La presse haïtienne, des citoyens et des acteurs politiques avaient émis des doutes sur la déclaration du directeur général en se basant sur un article écrit par Darío Libre le 13 juin où ce dernier a rapporté que la police dominicaine avait ignoré une telle arrestation. Cependant, dans un article publié par le journal Listin, le dimanche 15 juin, la police voisine confirme l’arrestation des trois individus pour avoir tenté de se procurer des drones suicides et d’autres matériels militaires.
La Police haïtienne a également confirmé, sur ses comptes numériques, que les autorités dominicaines avaient remis, samedi 14 juin, au responsable de la Police Frontalière Terrestre (POLIFRONT), le commissaire principal Anténor Léonard, les dénommés Saint—Fleur Sténio, Roudley Etienne et Sony Pierre, au poste frontalier de Dajabón. Ils ont été transférés au service départemental de la Police Judiciaire (SDPJ-Nord), indique une note publiée par le service de presse et des relations publiques de l’institution.
« Coopération établie » selon la police haïtienne, « prudence » du côté dominicain
Le commandant en chef de la police haïtienne a dépeint la relation entre les deux services de renseignements comme une « coopération établie » lors de son allocution à l’occasion de la commémoration du 30e anniversaire de la police de la partie occidentale de l’ile. « La police est déterminée à les traquer jusqu’au bout, qu’il s’agisse de terroristes en sandales ou en cravate », a-t-il averti.
Sans nier la coopération entre les deux institutions, le porte-parole de la police dominicaine, le colonel Diego Pesqueiro, avait déclaré ne pas être au courant d’une telle collaboration dans le cadre de ce dossier.
« Bien que les autorités dominicaines aient nié l’affaire, il n’est pas rare qu’elles gardent confidentielles les arrestations liées aux membres de gangs haïtiens, surtout si les actions sont menées dans le cadre d’une coopération bilatérale ou pour des raisons de sécurité nationale », a expliqué le journal Diario Libre.
« Plan d’assassinat de Rameau Normil »
Dans une vidéo enregistrée le jeudi 12 juin, Jimmy Chérizier alias Barbecue, le porte-parole de l’association criminelle Viv ansanm, rejette les informations selon lesquelles des membres de son organisation tenteraient d’acheter des drones suicides en république voisine. Cependant, Il prévient le commandant en chef de la police nationale de la décision du gouvernement de l’assassiner au moyen de drones kamikazes. Selon l’ancien policier, l’objectif de cette histoire de drones « inventée » vise à mettre la responsabilité de son assassinat sur le dos de « Viv ansanm ».
Rod Joseph, un haïtiano-americain qui a servi dans l’armée américaine, dénonce également un plan visant à « éliminer » M. Normil Rameau avant la fin du mois d’août. Dans un direct sur Facebook, il accuse, samedi 14 juin, l’équipe du premier ministre Didier Fils-Aimé de vouloir assassiner l’actuel directeur général de la Police.
Le gouvernement a conclu un contrat de plus de quarante millions de dollars avec une société privée militaire dirigée par l’entrepreneur de guerre, Erik Prince. Selon les informations disponibles, son équipe pilote les drones kamikazes du gouvernement. Plus d’une centaine de membres de Viv ansanm auraient été tués dans le cadre de ces opérations.
Verly Sylvestre